Les trois...
LES TROIS SOEURS (Légende Mohawk)
Il
était une fois, il y a de cela très longtemps, trois soeurs qui vivaient
ensemble dans un champ. Ces trois soeurs étaient très différentes les
unes des autres par leur taille et leur façon de se vêtir.
Une des trois était petite, si jeune en fait qu'elle ne pouvait que ramper à la naissance, et elle était vêtue de vert.
La
deuxième portait une robe d'un jaune brillant et elle avait une façon
bien à elle de se sauver toute seule lorsque le soleil brillait et que
la brise lui caressait le visage.
La
troisième, l'aînée, se tenait toujours très droit et, étant très
grande, essayait de protéger ses deux soeurs. Elle portait un châle vert
pâle et sa longue chevelure blonde battait au vent.
De
fait, les trois soeurs ne se ressemblaient que sur un point: elles
s'aimaient beaucoup et ne se séparaient jamais. Elles étaient
convaincues qu'elles ne pourraient supporter la séparation.
Un
jour, un étranger apparut dans le champ des trois soeurs. C'était un
petit Indien droit comme une flèche et brave comme l'aigle qui
tournoyait haut dans le ciel. Il savait parler aux oiseaux et aux
petits frères de la terre: la musaraigne, le tamia et les renardeaux.
Les
soeurs, celle qui ne savait que ramper et celle aux longs cheveux,
étaient bien intriguées par le petit Indien. Elles le voyaient porter
une flèche à son arc, sculpter un bol avec son couteau en pierre, et se
demandait bien où il pouvait aller le soir.
Tard
cet été-là, une des trois soeurs disparut. C'était la cadette en vert,
celle qui ne savait que ramper. Elle pouvait à peine se lever dans le
champ sauf lorsqu'elle trouvait un bâton sur lequel s'appuyer.
Ses
soeurs la pleurèrent jusqu'à l'automne, mais elle ne revint pas. Une
fois de plus, le petit Indien revint visiter le champ des trois soeurs.
Il
vint ramasser des roseaux près d'un ruisseau voisin pour fabriquer des
flèches. Les deux soeurs qui restaient le surveillèrent et regardèrent
avec émerveillement l'empreinte de ses mocassins sur le sol où il était
passé.
Ce
soir-là, la deuxième soeur, celle vêtue de jaune et qui voulait toujours
se sauver, disparut. Elle ne laissa pas de trace, mais il est possible
qu'elle ait mis les pieds dans la foulée du petit Indien.
Il
ne restait plus qu'une soeur. Elle demeurait grande et droite, sans
jamais s'incliner de chagrin, mais il lui semblait qu'elle ne pouvait
vivre seule en cet endroit.
Les
jours raccourcirent et les nuits s'allongèrent. Le châle vert perdit sa
couleur. Il avait pris de l'âge et semblait tout usé. Le vent avait
défait sa belle chevelure blonde de jadis. Jour et nuit elle espérait
le retour de ses soeurs, mais en vain. Sa voix lorsqu'elle les appelait
était triste et mélancolique comme le vent.
Puis
un jour, lorsque fut arrivé le temps des récoltes, le petit Indien
entendit la plainte de la troisième soeur qui avait été laissée toute
seule dans le champ. Il en eut pitié, la prit dans ses bras et l'amena
chez ses parents.
Quelle
surprise l'attendait! Ses deux soeurs se trouvaient en toute sécurité
dans la cabane des parents et la joie de la revoir enfin était grande.
Le petit Indien les avait tellement intriguées qu'elles l'avaient suivi pour voir où et comment il vivait.
Elles
avaient tellement aimé la chaleur de son abri qu'elles avaient décidé
de passer l'hiver avec lui et elles faisaient leur possible pour lui
venir en aide.
La petite soeur en vert, qui avait maintenant atteint sa pleine maturité, tenait les casseroles pleines de nourriture.
Sa soeur en jaune se laissait sécher sur une étagère en prévision de repas futurs.
La troisième soeur se joignit à elles, prête à broyer le grain pour le petit Indien. Jamais plus on ne les sépara.
Tous
les enfants connaissent ces trois soeurs et en ont besoin tout autant
que le petit Indien. En effet, la petite soeur en vert est le haricot,
sa soeur en jaune est la courge, et l' ainée aux longs cheveux blonds et au châle vert est le maïs.